Octave se balade - Août 2023

Pierre et Jérôme sont arrivés de Grenoble le 31 juillet, nous avions le projet de partir mardi 1er août au matin, mais la météo chaotique des jours à venir nous contraint à changer de programme. On avait rêvé des îles Scilly, nous allons peut-être cingler vers Noirmoutier, la Rochelle, ou le Golfe du Morbihan ? La suite dans les prochains épisodes !

Octave est né sous ce nom en octobre 2022, cette balade sera sa première vraie balade, son baptême ! Cet hiver, j’ai réglé peu à peu tous ses problèmes, il est prêt.

 Mardi 1er août, mercredi 2 août, jeudi 3 août, nous restons à Douarnenez ; balades, crêpes, et un œil sur la météo qui annonce 40 nœuds de vent et des vagues de plus de 6 mètres.

 Jeudi soir, la météo devenant plus conciliante, on voulait tenter de traverser la baie de Douarnenez pour Morgat. Par chance, un shipchandler nous a dit dans l'après-midi que le port de Morgat était fermé à cause d’un ponton endommagé. Si nous étions partis, nous n’aurions pu retourner à Douarnenez où la passerelle aurait été fermée, marée basse.

Un clic pour agrandir la carte

Vendredi 4 août

Nous avons donc pris la mer vendredi matin. Départ du Port Rhu à 8h30 pour Loctudy ; environ 12 heures de navigation prévues – nous en mettrons 13. Très belle navigation : au près serré jusqu’à la pointe du Van, puis, vent arrière à partir de la pointe du Raz. 15 à 20 nœuds de vent, une mer un peu formée, de quoi se mettre en jambes. 

Un soleil généreux et la visite de dauphins qui se sont amusés et ont fait le spectacle devant notre étrave.

Arrivés à 21 heures au port de Loctudy ; nous trouvons une place le long du ponton visiteurs. Une chance, car le port est plein de voiliers venus se réfugier : la prévision météo du samedi est mauvaise.

 

Samedi 5 août

Journée – pause au ponton de Loctudy, il va y avoir du crachin dans la matinée et des rafales de vent jusqu’à 38 nœuds !

Jean-Claude et Isa nous rejoignent à bord pour midi, ils arrivent avec un superbe fraisier.

Dimanche 6 août

8h30 - Nous quittons le port de Loctudy sous un beau soleil et avec des conditions parfaites.

Mais pétole (pas de vent), moteur et voiles, jusqu’à l’île aux Moutons. Le vent se  lève peu à peu, et les vagues aussi, elles vont nous pousser avec énergie jusqu’à l’arrivée.

11h - Jérôme voulait débarrasser le safran d’algues que nous traînons depuis un moment, avec une gaffe… il perd la gaffe ; heureusement elle flotte. Il a fallu plusieurs passages pour la récupérer avec… une autre gaffe.

Cela nous distrait d’une navigation bien paisible.

Une « mitraillette à maquereaux » installée à l’arrière du voilier, pourtant bien appétissante (garantie du fabricant), reste bredouille.

 Cinq ou six fois, nous aurons la visite de groupes de dauphins qui s’amusent dans l’étrave et qui font des cabrioles à côté du bateau, pour le plus grand plaisir de Pierre. Un vrai régal.

 

À 21h30, surprise : nous découvrons un immense champ d’éoliennes qui n’est pas sur notre carte, 80 éoliennes au large de St Nazaire, opérationnelles depuis novembre 2022.  Nous déroutons le bateau car il est évidemment formellement interdit de s’en approcher.

Jusqu’à minuit le bateau marche fort, avec des moyennes assez hautes, autour de 6 nœuds. Nous allons trop vite, car nous ne souhaitons pas arriver à Noirmoutier dans l’obscurité du petit matin. Aussi Didier a la bonne idée de changer notre destination pour l’île d’Yeu : on s’éloigne des éoliennes, et notre route est un peu rallongée, nous arriverons à une heure plus confortable, après le lever du soleil.

Notre principale préoccupation va être de ralentir le bateau : on roule un peu le génois, on a pris un ris supplémentaire dans la grand-voile, mais est-ce grâce aux vagues qui nous poussent, ou grâce aux performances (trop bonnes !) du bateau, rien à faire, on va trop vite ; il faudra attendre que le vent baisse au milieu de la nuit pour commencer à ralentir. On va finir par rouler complètement le génois.

À minuit la lune se lève, elle est rousse et gibbeuse ; Jérôme doit être bien fatigué car il l’a confondue avec une sorte de phare bizarre.

Les premières lueurs de l’aube apparaissent à 5h30 ; une heure plus tard, on voit de loin Port-Joinville, le port de l’île d’Yeu ; nous sommes au moteur car il n’y a plus assez de vent.

 7h00 - lever du soleil.

 

Lundi 7 août

Nous finissons d'amarrer Octave au ponton à neuf heures. Nous avons fait 24 heures de navigation.

Nous sommes un peu fatigués car nous avons eu des vagues assez formées tout le long de cette nuit, des grosses vagues, sans doute des résidus des tempêtes des jours passés.

Nous restons au port, après cette nuit de navigation où nous n’avons pas beaucoup dormi.

La journée se partage entre des petites siestes et l’observation amusée du port qui se remplit de voiliers plus gros les uns que les autres, jusqu’à 6 bateaux à couple ; on commence à se demander si on pourra sortir demain !

 

Balade dans Port-Joinville, saturé de vacanciers, et de vélos. Cette île semble être une réserve de 2CV, de 4L et de Méhari.

Mardi 8 août

9h30 - Nous quittons tranquillement le ponton de Port Joinville, presque tous les bateaux empilés à couple qui nous bloquaient  sont partis assez tôt.

Soleil, mais petit vent. La navigation va alterner avec voiles et moteur.

13h – Guitare classique ! il y a 2 guitares à bord, Pierre joue et chante régulièrement du Cabrel, du Jean-Louis Murat, du Neil Young, là Jérôme a sorti sa grosse guitare, et nous fait un récital classique parfait.

 

Jérôme annonce qu’il faut sortir un seau pour accueillir ses futures victimes, et qu’un premier maquereau sera pris. Il y a deux lignes de traîne à l’arrière du bateau. Abracadabra ! Hop, 10 minutes plus tard première prise. 5 autres vont suivre !

 

 

 Jérôme prend aussi une grosse aiguillette, autrement appelée orphie ; classée n°2 dans le top 10 des poissons les plus dangereux du monde !


Orphie (ou Aiguille de mer) - source : internet...

Un rapide coup d’œil à cette créature à l’allure élancée vous dira d’où ces poissons tirent leur nom. Les plus grands spécimens peuvent atteindre plus d’un mètre de longueur et peser environ 4 kg. La forme profilée du poisson-aiguille lui permet d’accélérer dans l’eau pour chasser ses proies – des vitesses allant jusqu’à 60 km/h ont été enregistrées.

Cependant, la combinaison de cette vitesse et de leur bec osseux et très pointu en fait l’un des poissons les plus dangereux de la planète. Difficile à croire, d’autant plus qu’il s’agit d’un poisson dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, mais les statistiques et quelques incidents horribles confirment cette affirmation.

Les aiguilles de mer peuvent sauter hors de l’eau. Un poisson très pointu et long d’un mètre se déplaçant dans les airs à 60 km/h, c’est carrément une lance !

Mais quelles sont les chances qu’il frappe jamais quelqu’un ? Malheureusement, cela arrive fréquemment. Le problème majeur est que ces poissons semblent être attirés par les lumières des bateaux, ce qui en fait un véritable danger pour les pêcheurs de nuit dans la zone indo-pacifique où ils sont considérés comme plus dangereux que les requins.

Il y a eu un certain nombre de décès au fil des ans causés par les orphies. Dans l’un des nombreux cas répertoriés, un malheureux garçon hawaïen de 10 ans a été tué par une aiguille de mer qui a sauté hors de l’eau et a percé son œil et son cerveau. Il y a deux cas de plongeurs tués après avoir été empalés par le poisson, et d’autres cas de personnes décédées après avoir été frappées au cou.

Une femme russe a été paralysée après avoir été touchée au cou, et plusieurs kitesurfers ont été gravement blessés aux jambes et aux pieds.

 

Nous observons au large le champ d’éoliennes que nous avons découvert la veille. Une dizaine de cargos sont au mouillage, en attente d’un accostage à St Nazaire.

Nous contournons l’île de Noirmoutier par le nord, nous avons décidé de ne pas aller dans la marina de l’Herbaudière, nous craignons d’y trouver le même embouteillage qu’à l’île d’Yeu.

Nous visons le mouillage du Bois de la Chaise, à l’est de l’île.

18h30 – nous nous amarrons sur une bouée devant la plage. On s’y reprend à trois fois, Pierre et Jérôme se démènent avec 2 gaffes, mais on finit par être bien accrochés.

Magnifique dîner de poissons ! Filets de maquereaux grillés et darnes d’aiguillette – poisson dangereux mais bon à manger…

Nous jouons à Grouin-Grouin, jeu de société assez intellectuel (« Pass the Pigs »).

A la tombée de la nuit, le bateau tourne et tangue ; on raccourcit notre amarrage qui a tendance à passer sous l'étrave du bateau, mais le courant est contraire au vent.

 

Très mauvaise nuit, en particulier pour le captain, cramponné à sa couchette.

 

 Mercredi 9 août

Partis vers 10 h de notre bouée – après nous être acquittés de 25 € - cher pour une simple bouée sans douche et sans électricité… Nous voguons au moteur car pétole, pas de vent.

Jérôme (décidément en veine) pêche un méga super maquereau qui s’avérera être une bonite à dos rayé de 60 cm - famille des thons. Pour une pêche « responsable » (c’est tendance), Jérôme décide à regret de ranger sa ligne. Le repas du soir est assuré.

On arrête le bateau au large du Croisic, il fait chaud, Pierre et Jérôme se baignent. Elle a l’air bonne !

Après le virage vers la Turballe, on est à nouveau sous voiles seules.

17h – On est au ponton à la Turballe – accueil de luxe, un marinier sur sa prame vient nous accueillir, un autre est sur le ponton pour prendre nos amarres. On n’était pas habitué !

Nous partons explorer la ville, nous trouvons un magasin de bricolage pour acheter une bâche de 2 m x 3 m ; de retour au bateau, nous installons ce taud au-dessus du cockpit, les grosses chaleurs sont annoncées !

 Ce soir, tranches de bonite grillées au menu.

Quelques commentaires techniques à propos d’Octave

Suite à la demande pressante de mon follower Joël, mon grand frère, voici quelques impressions du captain sur sa monture.

Ai-je eu raison de passer de Treizour à Octave, à peine plus grand ? Oui, bien sûr !

Dans nos premiers jours de navigation, la mer était bien formée, avec des restes de vagues de la dépression Patricia. Je me plaignais de Treizour dans ces mauvaises conditions, il était trop léger, il se faisait bousculer par les grosses vagues désordonnées. Et ça pouvait être très inconfortable. Fini ce problème avec Octave, On est passé de 2,7 tonnes à 4 tonnes, Le bateau est beaucoup plus « assis » sur les vagues, le confort !

Et puis le bateau est plus grand, plus haut à l’intérieur, on est à l’aise à 3.

La dérive ne pose aucun problème, l’hélice non plus… On commence à être rodés pour les manœuvres, réglages de voiles, arrivée dans les ports.

En résumé ce bateau me plaît bien !

Jeudi 10 août

9h00 – Après une bonne nuit tranquille, nous quittons notre ponton de la Turballe. Nous avons le projet de remonter la Vilaine jusqu’au barrage d’Arzal.

Début de la route au moteur, mais dès la pointe de Piriac passée, nous hissons les voiles. Beau temps, mer belle, petit vent.

Octave accélère doucement, mais pas assez au goût du capitaine, nous voulons passer l’écluse de 14h au barrage d'Arzal, alors nous ajoutons un peu de moteur pour arriver à l’heure. 

Nous observons sur notre horizon nord-ouest des pointillés jaunes partout. Qu’est-ce que c’est ?

En fait nous approchons de l’île Dumet, un îlot désert, et sur les hauts-fonds il y une quantité de parcs à poissons cernés de bouées jaunes.

On démarre la remontée de la rivière ; elle est assez large, mais il ne faut pas s’approcher des bords où il n’y a plus assez de profondeur.

Pierre est à la table à cartes, on a tracé une route théorique, et on essaie d’en rester le plus proche possible. Mais la carte n'est pas très précise, les bancs de sable et de vase bougent. Il y a un peu de courant, un peu de vent. Navigation campagnarde, au milieu des champs.

On est suivi par quelques voiliers. A un moment, un équipage nous crie « là où vous êtes, il n’y a plus de fond ! ». Oups ! Furtivement je vois passer la profondeur « 1 m » sur le sondeur, mais on n’a pas touché. Vite on revient vers le centre de la rivière, penauds.

13h30 – On arrive vers l’écluse. Elle est ouverte, le pont routier est encore baissé, les voiliers s’empilent au fil de leur arrivée. Pas de lamaneur, pas d’éclusier.

13h55 – Enfin le lamaneur arrive, et il braille, et il engueule tout le monde… Le pont routier se lève, la circulation des voitures est interrompue, il faut que ça aille vite. Il fait avancer les bateaux en braillant, un petit vent traversier s’ajoute à la partie, des voiliers voulant s’accrocher sur le quai tribord finissent sur le quai bâbord, Octave voulait s’accrocher à tribord et finit à couple d’un gros voilier à bâbord…

20 bateaux dans l’écluse. Entassement assez chaotique.

14h15, on sort de l’écluse, nous avons décidé de remonter la rivière jusqu’à La Roche Bernard, ce charmant petit bourg que tout le monde connaît car la route Nantes-Quimper y passe. Il y a deux piles d’un ancien pont, un pont suspendu toujours en service, mais maintenant la quatre voies enjambe la rivière à 1 km.

 

16h – on est amarré au ponton de La Roche Bernard. Mon amie Brigitte habite à quelques km, plus haut sur la rivière. Elle nous rejoint avec sa belle-mère, on va manger des crêpes, excellentes !

Nous terminons la soirée dans le cockpit, à nous raconter des histoires de littérature, de voyages lointains, Chine, Inde, Galapagos, Marquises…

 

Vendredi 11 août

On avait décidé d’attendre le petit déj’ pour décider le programme de la journée. Envie de passer l’écluse à 11h, et ensuite d’aller vers l’île de Houat.

Il crachine un peu, on mettra les cirés. Mais dès 10h du matin, le crachin devient grosse averse ! On décide de rester à la Roche Bernard, au sec.

 

Sieste, guitares. Ce soir on voulait manger une pizza, c'est complet. Jérôme prépare des rillettes maquereau-bonite, on va avoir des toasts absolument délicieux pour l'apéro !

Samedi 12 août

Projet de navigation du jour : de la Roche Bernard vers l’île de Houat.

Nous partons à 10h ; il y a du vent, nous redescendons la Vilaine jusqu’au barrage d’Arzal ; nous nous approchons de l’écluse avec une certaine appréhension, en espérant surtout un moins grand nombre de candidats au passage.

Des deux côtés de l’écluse, il y a des chaînes verticales distantes d’à peu près 5 m ; elles sont toutes numérotées. La manœuvre consiste à plaquer le bateau contre le quai, et à le bloquer en passant une amarre derrière une de ces chaînes (une à l’avant, une à l’arrière) ; cette amarre doit pouvoir coulisser lorsque le niveau monte ou descend dans l’écluse.

Le problème sera à nouveau l’éclusier (le « lamaneur ») qui opère. Il faut se représenter un homme ventripotent, une gaffe à la main, qui invective à peu près tout le monde, en prétendant à chaque fois une mauvaise préparation du bateau. On est gratifiés d’un : "Quatre écluses ce matin, vous êtes les pires !" ; pas nous particulièrement, mais toute la fournée…

Le personnage arrive à stresser tout le monde, apparemment c’est l’objectif de son baratin. Le capitaine d’Octave lui dit que sa parole est d’or et que nous l’écoutons avec respect. Il ne semble pas saisir le sarcasme…

 

On est contents de sortir de là et de retrouver un peu de sérénité dans les méandres de La Vilaine. Sérénité car nous connaissons le bon tracé, repéré à la montée.

Nous retrouvons le large avec un vent pas du tout conforme à celui annoncé : un vent sud-ouest que nous avons dans le nez, un vent assez fort (16 à 18 nœuds). Nous prenons un ris dans la grand-voile, et roulons un peu le génois. C’est parti pour une navigation au près serré.

Le niveau de fuel est bas. Le captain veut refaire le plein avec un jerrican de 20 litres. En manipulant la petite pompe qui permet le transvasement, fausse manœuvre, elle part à l’eau, fortune de mer…

Nous sortons un autre tuyau spécial siphon, mais on ne sait pas trop comment ça marche ; Jérôme aspire dans le tuyau, comme les voleurs d’essence sur les parkings, et se parfume la moustache au gasoil !

On finit par comprendre comment ce tuyau spécial siphon fonctionne, ouf.

Le bateau est gîté à 20 degrés, la vie à bord n’est pas très confortable. Nous tirons donc des bords et naviguons en zigs et en zags ; cela rallonge évidemment notre route, et nos calculs d’arrivée à Houat indiquent… la nuit. Comme nous visons une plage et qu’une manœuvre d’ancre avec du vent n’est pas très enthousiasmante, assemblée générale à bord. A l’unanimité des 3 voix, on décide d’aller au port du Crouesty, gros port de la presqu’île de Rhuys, proche de l’entrée du golfe du Morbihan, où nous sommes déjà allés il y a quelques années. Cette grande marina est connue aussi pour le « Mille Sabords », un salon annuel du bateau d’occasion, qui rassemble environ 700 bateaux, 35 % sont vendus sur place en 4 jours et beaucoup le seront dans les mois qui suivent. Le captain y a vendu 3 bateaux !

Arrivée à 21 h, on s’amarre, et vite une pizzeria ! Une pizza, et deux fish & chips.

Nuit tranquille.

 

Quelque chose d’inhabituel : à la Radio VHF, nous avons entendu pas moins de 5 appels de détresse de bateaux en difficulté, relayés par le Cross-Etel, dont un pour un incendie à bord, où le marin annonce sans réfléchir aux conséquences : «mon extincteur est périmé», c’est l’assureur qui va être content… Un autre a perdu son mât et a son moteur en panne ! Un enfant est récupéré après être tombé à l’eau… Sacrée série, drôle de série.

Dimanche 13 août

10h45 – Nous quittons notre ponton du Crouesty pour nous diriger vers le ponton fuel. La manœuvre n’est pas si facile, dans le chenal c’est le défilé ininterrompu des bateaux qui sortent du port ! Eh oui, c’est dimanche, et c’est le weekend du 15 août.

On complète le réservoir de fuel du bateau, et on remplit 2 jerricans de 20 litres. Précaution au cas où il n’y aurait pas assez de vent pour notre route du retour.

11h – On sort dans la baie de Quiberon, il y a des voiliers partout à l’horizon, sans doute plusieurs centaines !

Navigation au près serré, il fait beau, la mer s’est calmée depuis hier.

Jérôme pêche 2 maquereaux, qui vont finir en rillettes.

14h45 – on pose notre ancre devant la grande plage de l’île de Houat. Pierre va descendre la chaîne d’ancre à la main, notre guindeau électrique s’est mis au chômage technique sans prévenir… 30 mètres de chaîne. On aurait aimé s’approcher, mais des bouées jaunes protègent la zone baigneurs. Il doit y avoir une centaine de voiliers au mouillage. Certains ne sont là que pour la journée, et repartiront en début de soirée.

Jérôme saute à l’eau, sa ligne de pêche s’était emmêlée dans un safran et la dérive. Il dit que l’eau est bonne !

Au menu, des farfalles au pesto. On mange bien à bord !

Pierre se baigne longuement, même s'il trouve que l'eau est fraîche.

Doucement, le vent faiblit, le petit clapot se calme, la nuit devrait être douce.

Belle soirée.

Lundi 14 août – C’est la Houat que j’préfère

On a décidé de rester à Houat aujourd’hui. Pause.

Hier soir, Nous avons eu un spectacle magique, 70 bateaux au mouillage devant la grande plage de Houat, et tous ont allumé leur feu en tête de mât dans la nuit noire. On dirait les illuminations de Noël !

Nous gonflons l’annexe, et nous allons à la rame sur la plage. Une fois sur le sable, on porte l’annexe au sud de la plage, au retour nous n’aurons pas à trop forcer, le petit vent nous poussera.

Belle balade dans l’île. Pas de voitures, beau temps. On passe à côté du camping. On revient vers le petit bourg, des vieilles maisons de pêcheurs qui sont devenues des résidences secondaires pour la plupart, mais l’ensemble est très plaisant.

Nous buvons une bière dans un bar avec vue sur la baie.

Retour au bateau.

Nous allons admirer un gamin qui fait du « wingfoil », un vrai virtuose. Un wingfoil, c’est une petite planche de surf sous laquelle il y a un foil, l’ensemble décolle très vite ; et c’est une aile, comme un petit parapente dont la structure est gonflable. Il la tient à deux mains, et parfois à une main. Et il va vite, très vite, la planche volant à 50 cm au-dessus de l’eau. Sa combinaison est assortie à son aile, noire avec des éléments verts. Très super-héros !

 

Dans la soirée, nous avons à nouveau les illuminations, avec au moins une centaine de bateaux.

Mardi 15 août

8h15 – Pierre s’installe dans l’étrave et remonte l’ancre à la main, notre guindeau électrique ayant décidé de ne pas marcher. Jérôme est à la barre, nous quittons ce beau mouillage.

On contourne l’île de Houat par le sud pour viser Le Palais, le grand port de Belle Ile.

Une follower des Cévennes me demande s’il y a des quotas pour les entrants quotidiens sur cette île : bonne question ! Réponse bientôt...

10h30 – on avait décidé d’arriver tôt dans le port pour être sûr d’avoir une place. J’appelle la capitainerie du Palais avec la radio VHF, « le port est plein, revenez après 16h », et on ne peut pas réserver sa place !

Assemblée générale, nous décidons de viser la presqu’île de Quiberon, la grande marina de Port Haliguen.

On prend le passage de la Teignouse, et à 14h30 on entre dans la marina. Le jeune marinier nous accueille dans son zodiac, et nous envoie vers la place F75 : on y va, elle est déjà occupée.

On le rappelle, il nous propose la place C30, de l’autre côté du port, oui elle est libre, et on s’installe. pas de doute, il y a du monde dans les ports, en ce moment.

On refait le plein d’eau et nous allons faire les courses, dans un supermarché ouvert le 15 août après-midi.

 

Soirée très musicale sur le front de mer. Un groupe celtico-rocker nous amuse : une dizaine de musiciens déguisés, 4 bombardes, 4 binious, un saxo, un trombone à coulisse, et ils jouent de la variété française !

Mercredi 16 août

8h – La météo nous annonçait du petit temps, mais nous quittons Port Haliguen avec de vraies rafales de15-17 nœuds. Dès la sortie du port nous hissons la grand-voile arisée, et ne déroulons que la moitié du génois. Nous allons emprunter la passe de En Toull Bihan, un petit raccourci pour contourner la pointe de Quiberon.

Dès le virage, le vent mollit. Nous larguons les ris et déroulons le génois.

Nous faisons cap sur Port-Louis, dans l’entrée de la rade de Lorient.

Jérôme pêche un chinchard – on préfère les maquereaux…

Les dauphins, toujours eux, vont nous accompagner pendant un long moment au large de l’île de Groix.

En approchant de la côte, le vent tombe, nous terminons notre trajet au moteur.

14h30 – nous sommes amarrés au pied des remparts de la citadelle de Port-Louis.

 

Balade vers la citadelle de Port-Louis, il fait presque trop chaud !

Passeport Escales – une belle invention !

Non, les ports ne sont pas gratuits, le fait de s’amarrer à un ponton coûte, pour un bateau comme Octave, entre 25 et 30 € la nuit. En échange, on a la sécurité du port, pas de vagues, pas de courant, et on a la possibilité d’une douche chaude, on peut refaire le plein du réservoir d’eau, ou de fuel. Et puis on peut aller boire une bière au bistrot, on peut faire des courses, et on peut aller se balader.

Depuis quelques années, j’ai découvert la carte Passeport Escales ; c’est un réseau de ports de plaisance qui l’a créée, et beaucoup de ports y sont associés, de l’Angleterre à l’Espagne, en passant par la Belgique et toute la côte atlantique.

Ça me coûte 10€ à l'année. Obligation pour moi : quand je pars en croisière, je dois déclarer ma date de départ et ma date de retour. Ma place de port dans le Port Rhu devient disponible, et la capitainerie peut l’utiliser pour y placer des bateaux de passage, qui paient leur nuitée. Et moi, en échange, je ne paie pas ma nuit si j’arrive dans un port du réseau Passeport Escales.

Depuis qu’on est parti avec Pierre et Jérôme, on n’a jamais payé ! Si, une fois, au mouillage sur bouée à Noirmoutier – 25 €, et j’ai trouvé ça bien cher…

Jeudi 17 août

8h00 – départ tranquille de notre ponton de Port-Louis. Nous quittons la rade de Lorient, sous le soleil et sans vent, au moteur. En fait, nous allons l’entendre ronronner toute la journée, même si nous hissons la grand-voile, pour le décor. La mer est lisse.

 

Nous visons Lesconil, un port du pays bigouden où nous ne sommes jamais allés. C’était un port de pêche très animé autrefois, mais l’activité s’est déplacée vers Le Guilvinec. Le tourisme se développe, mais comme le bassin du port est mal abrité lors des tempêtes d’hiver, les pontons pour la plaisance ne sont mis en place qu’à la belle saison. Je connais Lesconil par la terre, je vais le découvrir depuis la mer.

 

Comme d’habitude, nous observons des bandes de dauphins. Ils ne viennent pas pour nous, hélas, ils chassent, on aperçoit des zones d’eau frémissante, des bancs de poissons sont juste sous la surface, et les pauvres font le régal des mouettes et des dauphins.

Le captain se pose des questions pour la suite de la navigation ; la météo, qui nous annonçait des jours tranquilles à venir, a changé : demain soir, coup de vent. J’avais proposé que demain nous fassions étape à Audierne. Les sites météo nous alertent maintenant, 30 à 36 nœuds dans la soirée et la nuit, ce qui veut dire force 7 à 8. On voulait passer la nuit amarré à une bouée dans la rade de Ste Evette, c’est l’assurance d’une nuit difficile, cramponné à son matelas. On ne sait pas quoi décider.

 

Jérôme, comme d’hab’, a mis une ligne de traîne derrière Octave. Il attrape un maquereau.

En vue de l’archipel des Glénan, nous déroulons le génois, allure près serré, nous gagnons quelques dixièmes de nœuds, c’est toujours ça de pris…

Cap sur Lesconil. Contact à la VHF. À 16h15, un marinier efficace nous installe à un ponton, accueil impeccable.

Les sanitaires sont des bâtiments provisoires type Algeco, on suppose qu’ils disparaissent l’hiver en même temps que les pontons. Un peu rustique...

 

Nous réservons une table pour le soir à la « Cantine de mer », un grand hangar rouge brique posé sur le terre-plein du port. Ça faisait longtemps que je voulais tester cette adresse, on m’en avait dit du bien. Bonne adresse : moules frites, andouillette, églefin, excellent ! Et service très sympathique.

Vendredi 18 août

C’est décidé, on va partir très tôt, et nous rentrons directement à Douarnenez, un jour plus tôt que prévu.

5h25 – lever, petit déj’.

6h15 – nous quittons le ponton silencieusement, nuit noire. Pierre est à l’étrave du bateau, lampe torche à la main, il éclaire les balises de la sortie du port. Pas de vent. Départ serein, très réussi.

6h45 – Les premières lueurs du jour apparaissent entre les nuages. Moteur.

Nous contournons la côte sud du pays bigouden. Après la pointe de Penmarc’h, nous hissons la grand-voile et le génois, mais nous laissons tourner le moteur. Le vent va s’établir progressivement en remontant la baie d’Audierne, et on va finir par éteindre le moteur.

13h30 – Nous sommes dans le Raz de Sein ; la marée basse était à 13h, c’est l’étale. Passage tranquille, et nous commençons notre virage devant la baie des Trépassés pour entrer dans la baie de Douarnenez. Le vent commence à forcir. Le captain explique doctement que c’est un effet du relief, ça va se calmer...

Erreur ! Le vent de sud ne va que se renforcer, les rafales vont atteindre 30 nœuds. Heureusement, la mer est plate, nous sommes protégés par la côte que nous longeons. La pluie s’installe, par moments du crachin, mais de plus en plus une vraie averse. Nous sommes tous les trois équipés de nos cirés complets, parfois des vagues claquent sur la coque et nous envoient des embruns salés. Jérôme va passer l’après-midi dans le cockpit, emmitouflé dans son ciré, dégoulinant, guettant les grosses rafales qui nous tombent dessus et très content du spectacle.

Nous filons à 7 nœuds, 8 nœuds. Il y a une vingtaine de milles de la pointe du Raz à Douarnenez. Problème, nous voulons entrer dans le port Rhu, dont la passerelle n’ouvrira qu’à 17h15, un peu avant la marée haute. Et nous allons trop vite, nous allons arriver trop tôt !

On avait déjà diminué la grand-voile d’un ris, on prend le 2ème ris, puis le 3ème. On roule un peu le génois. Ce n’est pas suffisant ! On va finir par le rouler complètement, et enfin le bateau va ralentir. On finira même par redérouler un petit bout de ce génois vers l’arrivée, on se traînait...

Nous approchons de l’île Tristan, le vent a tendance à se calmer, je craignais qu’il souffle un peu trop fort pour nos manœuvres dans le port Rhu.

Dans le chenal de l’île Tristan, nous assistons à un spectacle rare : des centaines (des milliers ?) de mouettes et de goélands sont posées sur l’eau et sur les rochers, sans doute venus se protéger du vent de tempête. L’étrave d’Octave disperse ces oiseaux braillards, ils bougent à contrecœur. Étonnant.

17h30 – nous entrons dans le port Rhu, retour au bercail, la passerelle s’ouvre pour nous.

18h –Octave est amarré à sa place. Nous ne prenons que nos brosses à dents, et nous rentrons à pied à la maison. Finalement, très belle journée de navigation, mais nous sommes un peu cuits, fourbus. Nous reviendrons demain vider et nettoyer le bateau.

Fin de l'aventure !

 

 

Retour au port d'attache d'Octave - 15 jours de navigation, belle randonnée maritime ! Les équipiers n°1 et n°2 (ou l’inverse ?) ont été parfaits, toujours prêts à la manœuvre. On a fait quelques escales très plaisantes, étonnantes, comme Houat ou Port Haliguen, j’ai beaucoup aimé la remontée de la Vilaine vers la Roche Bernard, ainsi que la découverte de Lesconil par la mer. Et cerise sur le gâteau (ou sur le bateau !), les dauphins sont venus nous saluer pratiquement tous les jours, et souvent plusieurs fois dans la même journée.

 

On remet ça l’année prochaine, peut-être vers l’Angleterre et les îles Scilly ?

Samedi 19 août

Après une nuit rue du Treiz, sur des matelas moelleux et sous des couettes bien douces, on retourne au bateau. Remplissage des sacs perso, vidage du frigo et des réserves, et puis grand ménage, lessivage du pont, Octave est prêt à repartir, étincelant.

Jean-Claude et Isa nous rejoignent, nous allons manger quelques crêpes.

Dimanche 20 août

Jérôme va tester un excellent resto, l’Amuse-Louche, en face du Treiz, avec ses amis Joël et Midori, pendant que Pierre retrouve son fils Florent avec sa femme Delphine et leurs enfants Louis et Manon. Ils vont faire un tour au Festival de cinéma qui a lieu ces jours-ci à Douarnenez, et on va se retrouver dans l’après-midi pour une sortie en mer très joyeuse, toutes voiles dehors. Louis va même barrer pour l’arrivée au port Rhu, très concentré, parfait !

 

Quelques crêpes – encore des crêpes ! - vont conclure cette journée très réussie.

Pierre et Jérôme partent demain matin 8h, pour 1000 km. Beau temps annoncé, ça sera moins dur. C'est la fin des vacances !