Un clic !
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1ère tentative - samedi 29 octobre

Je souhaitais ramener Octave vers son port d'attache, le Port Rhu, aux environs du 31 octobre - 1er novembre.

J'ai embauché mon voisin Gildas, on est allé à Étel le samedi 29 octobre ; excellente soirée, Antoine et Julie, les ex-propriétaires, nous ont donné tous les renseignements nécessaires pour prendre en main Octave, moteur, voiles, vannes en tous genres. Nous avons même mis en place l'étai largable et le solent, une voile d'avant plus réduite que le génois.

Mais...

Première nuit au port avec vent qui siffle dans les haubans et pluie toute la nuit.

Les prévisions météo n'étaient pas folichonnes, dimanche matin 30 octobre, elles s'étaient encore dégradées : grosses vagues, et annonce d'un coup de vent pour le lundi 31 octobre.

Les horaires de marée nous faisant passer le Raz de Sein à 2 heures du matin, j'ai préféré reporter à plus tard ce retour. La prise en main d'un nouveau voilier demande d'avoir l'esprit tranquille, sans stress, on remettra ça dans 8 ou 10 jours !


2ème tentative - samedi 12 novembre

Mon voisin Pierre a accepté de faire l'équipier, sa femme Bénédicte nous emmène à Étel dans la matinée. Notre projet est de partir en fin d'après-midi, nuit en mer, passage du Raz de Sein dimanche vers 13h, et arrivée dans le Port Rhu vers 18h.

Nous préparons le bateau, et Pierre propose que nous fassions pivoter le bateau, arrière au ponton : le bateau sera prêt à partir en marche avant vers la sortie du port, ce qui sera plus facile qu'une manœuvre en marche arrière plus hasardeuse. On embauche 2 voisins de ponton, retournement rondement mené.

Et nous attendons 15h30 pour contacter le veilleur du sémaphore de la fameuse Barre d'Étel. Coup de téléphone, réponse un peu embarrassée, on le rappelle à 16h30, et là il nous déconseille carrément de sortir, il surveille à la jumelle le passage, et il nous parle de déferlantes très creuses et irrégulières, imprévisibles...

Grosse déception, le temps est magnifique, et on aurait eu une nuit avec clair de lune !

Pierre téléphone à Bénédicte qui était à Lorient, elle revient nous chercher. Retour à Douarnenez.

La météo annonce entre 40 et 50 nœuds de vent à Douarnenez pour mardi...


3ème tentative - la bonne !

Octave rentre à la maison

 

29-30 novembre – 1er décembre 2022

D’Étel à Douarnenez

Équipage : Did Bénédicte Gildas

 

Pierre ne pouvait pas venir, Gildas accepte à nouveau de faire l'équipier, et Bénédicte accepte aussi, nous serons donc 3 skippers à bord, un équipage de choc !

Nous sommes arrivés à Étel mardi soir 29 novembre, pour dormir à bord et être prêts à partir au petit matin. Il fait froid, le bateau est branché au 220 volts du ponton, et le petit chauffage électrique souffle toute la soirée.

Lever à 7h00. Petit déj’, puis Bénédicte part chercher du pain frais.

Nous préparons le bateau, 8h30 nous larguons les amarres, et nous descendons tranquillement la rivière d’Étel. Le gardien du sémaphore de la Barre d’Étel est en fonction à partir de 8h45, l’heure du lever de soleil. On l’appelle avec la radio VHF du bord, contact très professionnel et très sympathique. Tout va bien, nous devons faire cap au 190°, la mer est assez calme, petit vent, il nous dit que nous aurons « des petites ondes » de chaque côté de notre route, mais tout se passe bien, ouf ! La dernière fois que je suis passé à Étel, j’étais allé voir la Barre un peu après la marée haute, ça ressemblait à une machine à laver en mode essorage !

9h30, nous avons passé la Barre ; on n’a jamais eu moins de 6 mètres d’eau. Pour la tentative précédente, le gardien craignait qu’on tape le fond de sable dans le creux d’une déferlante !

 10h00, grand-voile haute et génois déroulé. Petit vent de force 3, nous allons à 3,5 nœuds vers la pointe Est de l’île de Groix.

 

Bénédicte a mis à l’eau une ligne de traîne, et à 10h30 elle pêche un ÉNNNAUUURME bar, environ 60 cm de long ! Gildas vient à la rescousse pour le sortir, sacrée bête !

 

11h20, elle prend encore 2 maquereaux, trop petits, ils ne font pas « la maille », ils repartent à l’eau. Béné prépare le bar, on le stocke au frigo. Rendez-vous chez Béné vendredi soir, où on le mangera cuit au four sur un lit de pommes de terre et de tomates, excellent !

 

11h45, catastrophe ! On a dépassé l’île de Groix, on se prépare à viser l’archipel des Glénan, on empanne la grand-voile, et la grand-voile s’effondre : j’avais accroché un mousqueton sur la drisse, et ce matin, Gildas m’avait dit « houlala, je vais refaire ce nœud ! » Moi, très confiant, je lui avais répondu « mais noooon, il est très bien mon nœud »…  La grand-voile tombe, et la drisse, tirée par son poids, glisse à l’intérieur du mât, tout là-haut, et ça va être sûrement un sacré bazar pour la récupérer !

Que fait-on ? On envisage un instant de monter en haut du mât, mais impossible avec cette mer agitée, on pourrait s’arrêter à Port-Tudy ou à Concarneau, mais on raterait la marée basse dans le raz de Sein. On pourrait utiliser la drisse de spi, mais elle passe devant le mât, pas du bon côté.

C’est décidé, on continue sans grand-voile avec le génois déroulé en grand, et ça va bien marcher jusqu’au raz de Sein, avec du vent portant. On va faire une moyenne de 4 nœuds.

 

On fait route en longeant la côte sud de l’île de Groix. Le temps est très couvert, il fait froid. Octave est sous pilote automatique, il roule un peu. Les vagues, plutôt de l’arrière, nous malmènent, et ça va finir par jouer des tours à Bénédicte. Elle qui n’est jamais malade en mer, qui a navigué 3 mois entre Vancouver et Alaska au printemps dernier, se retrouve barbouillée, avec un bon mal de mer.  Elle va faire la sieste, se relève de temps en temps, mais son mal de mer redémarre. Elle est vexée, c’est la première fois.

Avec Gildas, on mange une platée de pâtes-beurre-fromage râpé. Au dessert, bananes pour tout le monde, puis un thé bien chaud pour Béné et Did.

 

17h30, on fait une heure de moteur pour recharger la batterie. Pas de soleil, le panneau solaire ne sert à rien.

 

Plus tard, avec Gildas on se fait des soupes-minute, Béné n’en veut surtout pas !

 

La nuit tombe tôt, trop tôt. Mais peu à peu le ciel se dégage, le premier quartier de lune s’est levé, et les étoiles brillent. Dans le sillage on voit à intervalles réguliers des phosphorescences magnifiques, des boules lumineuses verdâtres grosses parfois comme des mandarines, et parfois comme des gros pamplemousses. 3 traînées lumineuses prolongent les 2 safrans et l’hélice. Je pensais que ces luminescences étaient caractéristiques des eaux chaudes tropicales, mais là il fait froid, et l’eau doit être glaciale.

21h30, à nouveau on fait tourner le moteur pendant une heure pour recharger la batterie.

 

1er décembre, minuit, nous passons la pointe de Penmarc’h. On a commencé à faire des petites siestes chacun son tour.

Bénédicte va faire une nuit à peu près complète, et on va se relayer avec Gildas pour assurer la veille.

 

Depuis notre départ d’Étel, nous faisons des calculs de moyenne ; notre premier passage à niveau était la barre d’Étel, le deuxième est le raz de Sein où nous devons être à l’étale de marée basse, à 4h45. Le troisième sera l’entrée dans le Port Rhu, la passerelle sera ouvrable de 9h15 à 12h30, autour de la marée haute.

5h00, nous sommes dans le Raz de Sein, entre la Pointe du Raz et l’île. La météo marine nous avait annoncé des vagues de 2,40 m, en fait la mer est assez conciliante, plus facile que prévu. La nuit est très noire, mais l’électronique du bord nous guide.

Nous tournons doucement vers la baie de Douarnenez, et nous serons au moteur jusqu’à l’arrivée, nous sommes face au vent, petit vent, et bien sûr pas de grand-voile.

 

8h00, Gildas et Béné dorment dans leurs cabines, le jour se lève peu à peu, beaucoup trop lentement à mon goût. On commence à différencier l’horizon, la limite entre mer et ciel.

Gildas se lève, petit déjeuner dans le carré, que c’est bon !

Le temps est parfait : pas un nuage, le soleil se lève, mais c’est un soleil d’hiver, froid et pas très lumineux. Il fait 10° dans la cabine.

La mer est plus plate qu'annoncée. En approchant de Douarnenez, on est étonné par un spectacle inhabituel : un porte-conteneurs de 333 mètres de long au mouillage, le Cartagena Express. On apprendra plus tard qu’il était en avarie de moteur au large d’Ouessant, il a été amené ici par le remorqueur Abeille-Bourbon.

 

11h, nous passons la passerelle du Port Rhu, je m’annonce au marinier, « Octave ». Nous arrivons au ponton O11, manœuvre un peu laborieuse, je ne suis pas encore à l’aise avec la marche arrière de ce voilier bi-safrans, ça va venir !

11h30, après 27 heures de navigation, 94 milles nautiques, Octave est amarré. Enfin !

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